617.
Le nombre de photos de mon chien que j’ai prises en 2024. (Amour inconditionnel)
365.
Le nombre de fois où j’ai ri dans une année car, il est bon de rire de tout. (Même de la mort)
12 378. (au moins)
C’est le nombre de fois où l’on est venu me parler, dans le bus, dans la rue, dans un café, sur la plage quand j'essaie de dormir et où de parfaits inconnus m’ont raconté leur vie ; dernièrement, une de ces parfaites inconnues est même venue sonner chez moi pour de l’aide. Fu…kin’ Karma… A croire que l’étoile du berger mène toujours à la bergère…
L'autre matin, en sortant du carrefour Market, je fais remarquer à un monsieur âgé qui mettait ses courses dans le coffre de sa quatre roues sans permis (t'es dch nord ti ou quoi ? ) que son caddie était appuyé contre ma voiture.
Il s’excuse et me raconte qu’il n’avait pas fait attention. Il venait de rencontrer la femme d’un de ses amis qui vient d’être emporté par 'le' cancer. (Il faudrait faire une étude sur les supermarchés comme lieux de vies). Il me raconte sa tristesse, le fait qu’il en a même perdu le goût de la chasse ; que parfois la famille, ce n’est pas les liens du sang. Qu’ils étaient toujours solidaires et se donnaient des coups de main. Entre agriculteurs, on se soutient. Qu’il était fâché avec ses propres frères et soeurs pour des questions d’héritage. Il faisait froid mais je l’ai écouté. Il était seul. Il était triste. Il avait perdu un être cher. La compassion, c’est ça pour moi. Prendre un instant pour envoyer à l’autre de l’Amour, sans le connaître. Sans savoir si nous nous reverrons un jour. Et c'est peut-être pour ça que de parfaits inconnus me racontent leurs joies et leurs peines dans des lieux souvent improbables aux moments les plus inattendus .
Deux des choses que je déteste le plus dans l’annonce d’un deuil ( il y en a beaucoup mais ces deux là sont dans mon top five), ce sont ces deux questions : quel âge avait-il/elle ? Et, est-ce que c’était quelqu’un de ta famille ? La première parce qu’elle sous-entend souvent qu’il y a une normalité de la mort. Les grands-parents, les parents dans l’ordre décroissant etc… Comme les annonces journalistiques : 178 morts dont 35 enfants. Ça m’a toujours exaspérée. Bien sûr que nous cherchons toujours à être rassurés et que trouver un sens au non-sens d’une disparition nous permet parfois de tenir le choc. Mais je ne crois pas que ce soit l’âge de la personne qui lui confère un degré plus ou moins ‘acceptable’. Le chagrin d’un endeuillé ne prend pas en compte ces critères. Je n'en peux plus des 'au moins, elle a eu une belle vie ; au moins elle n'a pas souffert ; au moins, au moins...'
La deuxième, parce que réflexion m’a déjà été faite d’une forme d’incompréhension que je puisse être triste face à la mort de quelqu’un que je connaissais moins bien, disons.. que l’un de mes proches parents.
Est-ce que vous aussi vous vous êtes déjà retrouvés à vous justifier d’un chagrin ? Et là aussi, je vous le dis, vous avez le droit de dire ' Fuck', de ne vous justifier de rien et de pleurer votre boulangère.
Il y a des personnes que je n’ai vues que deux fois dans ma vie mais dont l’empreinte d’un moment partagé est restée tellement indélébile qu’elle a été proportionnelle à la peine que j’ai pu éprouver. Et celles-ci sont toujours dans mon coeur, même 30 ans plus tard.
La peine ne prend pas de valeur avec les mots puisque personne ne veut les entendre, surtout dans une société qui les vide de leur sens. Là aussi, vous pouvez dire 'Fuck'!
Vous aurez compris que je parle aussi bien de vous que de moi.
Tous égaux face à la Mort !
Il y a quelques jours, l'une de mes tantes est morte et ma première célébration de 2025 a été son enterrement.
Avec nos familles disparaît à chaque fois un peu de notre enfance. Nous restons seuls, les bras chargés de souvenirs, de repas de Noël, de ducasses et de dimanches à boire le café chez nos grand-mères, tous ensemble, à lire le journal et à commenter les nouvelles du village où commérages et solidarité se partageaient l’attention.
Alors, pour cette année 2025, pas de souhaits en forme de coquille vide. Je vous souhaite la compassion envers chacun.e à la hauteur de ce que vous pouvez donner là où vous en êtes ici et maintenant. Je vous souhaite d’entendre ce qui EST derrière les mots. Je vous souhaite de donner autant que vous recevez, ni plus ni moins. Je vous souhaite d'embrasser la Mort.
Et surtout je vous souhaite la Vie.
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