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Image de Florian Klauer

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Ces derniers temps, Je me suis intéressée à la notion d’intimité, pas celle que tu dévoiles quand tu enlèves tes vêtements, parfois trop vite, mais celle qui se devine quand tu te mets à nu émotionnellement… Quand finalement les barrières de ton mental disparaissent et laissent s’exprimer ton toi le plus profond, sans plus avoir la notion de jugement, de morale ou de secret à garder.

 

L’intimité ne concerne bien évidemment pas que les rapports amoureux ; elle naît de la mise en présence de deux corps, quel que soit le rapport qui existe entre eux, se révèle par l’interaction, quelle qu’elle soit, entre ces deux corps. Puis passe par le vecteur du langage.

Dans le cadre de l’écriture d’hommages à une personne décédée, j’écoute lorsqu’on m’ouvre la porte et me faufile dans cette intimité sans tabou. Dans la collecte de récits de vie également. Etre dépositaire de l’intimité, quelle confiance accordée, quelle responsabilité, quel fardeau parfois aussi.

 

Laisser un ou une autre percevoir ce que nous mettons tellement d’énergie à cacher : nos fêlures, nos ‘failures’ en anglais, nos échecs si tu préfères, ce que nous portons ou supportons, ce que nous nions car trop douloureux, et ces autres êtres humains qui nous ont blessés ou détruits. Notre intimité n’est pas qu’un jardin d’Eden, notre jardin secret à préserver pour les happy few ; elle est aussi une cave humide et glauque qui renferme les noirceurs et les profondeurs aux relents de passé puant et putride.

Comme le bouchon de la baignoire qui contient les remontées de canalisations, nous contenons ces passés douloureux ou honteux par peur que l’odeur nous terrasse ou terrasse cet autre auquel nous souhaitons montrer une image parfaite, image qui sentirait plus le Chanel que la fange.

Pourtant, ce que nous cachons souvent n’est pas le tabou indicible du secret ; nous cachons à l’autre notre peur, la peur qu’il utilise ce secret, cette intimité pour nous menacer, nous juger, nous jauger, fuir peut-être. La peur que nos secrets deviennent des armes si elles tombent en mains ennemies.

Pourtant, rappelle-toi, c’est lorsque  Bridget Jones tombe dans la boue devant lui que Jack  tombe amoureux…

 

Etre dépositaire d’une intimité est certainement le plus beau cadeau que l’on puisse recevoir, quelle que soit la circonstance. Et si le cadeau ne plaît pas plus que l’emballage bling bling et glamour, alors c’est qu’il était peut-être adressé à la mauvaise personne, mais pas que, toi, tu n’aurais pas dû l’offrir.

 

Ma conclusion aujourd’hui tout à fait personnelle serait la suivante : continue de donner sans attentes, mais peut-être avec parcimonie, n’aie pas peur de la réaction de l’autre et ne porte pas de jugement trop dur sur toi, surtout si tu es une femme. La réaction de l’autre te donnera très vite un portrait de celui, ou celle à qui tu as eu envie de donner ton intimité.

Dès que tu le fais, elle ne t’appartient plus totalement et te voilà à la fois renseigné sur le dépositaire et soulagé d’une parcelle de secret.

Ne vis pas dans la peur de te dévoiler car lorsque tu te dévoiles, tu dévoiles ton ombre comme ta lumière, ta sincérité donc, ton authenticité. Et le monde se porterait peut-être mieux par le don de la compassion (plutôt que par celui de ton auto-flagellation) pour celle ou celui qui n’a pas su reconnaître le trésor que tu portes en toi. L’intimité partagée sans jugement est peut-être l’équivalent du détachant sur la tâche de gras qui décourageante et incrustée finit par disparaître avec l’espoir et l’amour (pour l’humanité)avec un grand A.

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