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Dans une jolie émission de France Culture consacrée à la musique italienne, la journaliste évoquait la chanson ‘ Volare’ de Domenico Modugno qui, nostalgique, rêvait qu’il volait donc dans le ciel bleu de son enfance. La barrière de la langue a parfois cet effet de créer des malentendus sur le contenu et la consistance de ces poésies chantées, surtout lorsqu’elles font des hits sur d’autres accords.

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Dans nos enfances, les ciels ne sont pas toujours bleus ; ils sont souvent bleu grisés et varient, se désaccordent et dissonent. Nous les quittons un jour, en emportant, empotés, en pot toujours trop petits, nos racines que nous essayons de faire pousser, là où nous sommes. Ces racines contenues dans des melting-pots constitués de toutes les terres que nous avons foulées, est-ce que parfois elles peuvent s'arrêter de croître ? Tout à fait ou partiellement ? Ou est-ce que peut-être, telle une plante -fille, elles font des rejets par procuration :  sur nos enfants où les gens que nous avons un jour côtoyés/aidés/choyés ? Est-ce que, comme les bouts d’âmes que nous laissons avec les êtres aimés, nous leur laissons des bouts de racines ?

 

Et comment peut-on exister lorsque les souches de ses fondations sont arrachées ou incomplètes ou lorsqu’à coup de chagrins, la bouture pousse de travers ?

Parfois les ciels mêmes brûlent tes racines, qui sans attention, se dessèchent et t’incitent à partir vers d’autres cieux définitifs ou embrumés.

Je regarde le noyau d’avocat dont j’essaie vainement de faire émerger la tige depuis plusieurs semaines et je m’interroge sur l’équilibre à trouver entre ces ciels et ces terres.

Telle Scarlett et Tara, quelle est la terre que tu chéris ?

Et t’es-tu déjà posé la question de savoir quel était ton ciel ? Celui du pays de la pluie ou des aurores boréales ? Celui où le soleil brille toute la journée où ne se lève jamais ? Celui que tu n’as pas encore rencontré ? Celui qui se remplit de nuages et d’orages ? Celui qui t’arrache de là où tu es né et où tu pensais être heureux pour toujours? Celui de tes parents, de ta lignée ? Quelle est la couleur de celui que tu peins dans tes rêves, .

Celle de tes réussites et de tes plus grandes désespérances ? Celui sous lequel tu te ressources ou celui sur lequel tu pleures ? Et quel est endroit au monde qui réunit les deux et où tu te sens équilibré, sans l’avoir pensé ou cherché ?

 

Ce matin, je me suis réveillée au soleil levant et sous le ciel qui rougissait, j’ai pensé à mes racines qui me font l’effet de flotter au-dessus du sol et je me suis souvenue que le soir, enfant, telle Mme Bovary à sa fenêtre, je rêvais que je volais. Voler ou pas dans le ciel de ton enfance. Voler vers ta terre. Voler vers ton harmonie.

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