Une humoriste française a annoncé il y a peu sa grossesse sur les réseaux sociaux, tout à la joie de partager la nouvelle avec ses followers. Une autre actrice célèbre lui répondait en commentaire : ‘Le vrai bonheur arrive’. Comme tu t’en doutes, cette phrase m’a interpelée.
Je me suis alors demandée si le bonheur était vrai, ce qu’était d’abord le bonheur et si être mère était encore synonyme de ‘vrai bonheur’ au 21ème siècle.
Bref, un vrai bonheur, est-ce quelque chose qui rend heureux vraiment ?
Qui d’entre vous est excédé par toutes ces injonctions à être parfaitement heureux ? Levez la main ? Ouh là, Je vois que vous êtes nombreux.ses…
Dans le bonheur, il y a le – déterminant défini masculin singulier pour lequel j’ai amalgamé toutes les définitions rédigées par Marcel, l’un des grands amours de ma vie dont le Bon Usage de 1936 reste ma bible. Le définit potentiellement une réalité qui fait partie de l’expérience commune clairement identifiée qui renvoie à toute une espèce…
Est-ce qu’il n’y aurait pas alors confusion dans le cas qui nous intéresse ?
Car sommes-nous tous heureux des mêmes choses ? En d’autres termes, le bonheur est-il un concept objectif ? Oui si l’on en croit toutes ces injonctions mais alors cela signifierait qu’il est universellement reconnu comme tel. Un idéal universel en quelque sorte.
Le bonheur est devenu ces dernières années une quête, aussi mythique et magique que celle du graal. Qui dit quête dit héros ou héroïne. Indiana Jones/Lara Croft sort de ce corps ! Mais alors qu’est-ce que ça signifie ? Est-ce que certains vont tomber dans les pièges et y perdre la vie tandis que d’autres plus malins, ou plus fourbes, déjoueront les énigmes et trouveront le paradis perdu ?
On dit que le bonheur est un acte de foi, le saut de la foi en anglais, mais nous avons tous notre façon de sauter. Moi, par exemple, lors d’épreuves de saut en longueur, j’atterrissais toujours à l’endroit d’où j’étais partie. Ce qui faisait méchamment glousser ma prof d’EPS. Mais moi, je me disais que l’important, c’était de retomber sur terre.
Comme ce saut singulier, et même s’il me valait souvent un zéro à travers les yeux de la sanction, la définition de ton bonheur t’est propre. Et ton bonheur te ressemble. Personne n’est donc légitime pour en parler à ta place.
Il n'est la propriété de personne, d'aucune institution sociale ni familiale. Il est ce qui te rend heureux.se dans ta tête aussi bien que dans ton corps. Personne d'autre que toi-même ne peut savoir ce qu'il est.
Le bonheur, c’est ce que tu auras désiré. Ce que tu auras décidé.
En conclusion, comme le disait France, cherche ton bonheur partout mais pas comme tout le monde.
Sur cet exemple particulier qui m’a suggéré cette réflexion, toi qui m’écoutes et qui n’a pas connu le décrété bonheur d’être mère, qui a choisi de ne pas connaître ce ‘bonheur’ – ou qui n’a pas eu cette chance – sens premier de ce même mot et qui souffre de l’ignorance et du jugement qu’on peut porter sur ta situation, j’ai pensé très fort à toi.
Mais, Ça, ça mériterait qu’on en parle plus que 2’ non ?