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Photo du rédacteurflorencemula

Une immersion aux Pompes Funèbres

Il était une fois…la Mort.  

Non, non, ne partez pas !


Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que les deuils sont mes sujets de prédilection.

Après en avoir étudié plusieurs aspects, j’ai eu envie de me confronter à la matière.

Plusieurs semaines à apprendre, se familiariser avec les corps et rencontrer celles et ceux qui travaillent dans le secteur du funéraire.


Une expérience enthousiasmante, émouvante, challengeante mais essentielle. Se confronter à la mort, aux corps de tous âges et dans tous leurs états, pour se confronter à notre matérialité.

Dans cette aventure, j’ai eu la chance de faire équipe avec deux femmes formidables, Séverine et Alice, qui m’ont embarquée dès le premier jour dans leur 'corbi', m’ont accueillie, épaulée, enseignée, renseignée, soutenue… Un environnement de travail équilibré où nous avons beaucoup partagé, beaucoup ri…Où il m’a été possible de parler sans retenue, d’être pleinement moi-même quand, généralement, personne ne veut vous entendre vous exprimer sur ce sujet, vous dit que c’est glauque et que vous feriez mieux d’être dans la joie. (sic)

Un trio de nanas qui interrogeait quand ce métier est encore macho parfois et masculin. L'envie de partager nos expériences sans conflit d'intérêt. C'est assez rare pour le souligner...


Transports de corps de personnes décédées à l’Ehpad ; cellules réfrigérées ; préparations de cercueils, accueil des familles, mise en bière des défunts ; visite du crématorium, déplacements à la Chambre Mortuaire de Lille ; cérémonies, inhumations, rencontre des marbriers, porteurs, gardiens de cimetière, etc. Pas toujours simple mais beau et réalisé dans le plus grand respect.

Il faut le vivre pour ressentir l’importance des rituels et l’émotion que procure aux équipes funéraires le fait de mettre en bière un.e défunt.e où de le/la préparer pour une présentation en salon.


Cette émotion parfois lorsque ces mêmes équipes rendent un dernier hommage dans la solitude d’un départ sans aucun proche. De mettre au défunt un capiton pour le rendre ‘ plus confortable’ ou de lire un texte quand personne ne s’est présenté à la cérémonie.

D’être celle qui jette une fleur dans sa tombe pour le/la nommer une dernière fois et lui dire au revoir.

Il faut voir des corps de nouveaux nés pour comprendre dans sa chair la fragilité de la vie.

Il faut se faire expliquer les appareils à crémation pour être sensibilisée au fait que les cimetières sont des océans de plastique qui polluent et que les cercueils, s’ils sont obligatoires en France, ne correspondent pas au bon sens écologique.

Il faut voir des défunts sans visite en Ehpad depuis plus de 15 anspour comprendre que nous ne sommes pas égaux devant la mort.

Contrairement à certains humains, elle, elle fait preuve d’une grande générosité. Quel que soit le moment, elle répond toujours présent…


L’émergence des Coopératives Funéraires - qui sont de véritables sociétés de Pompes Funèbres - correspond à nos interrogations écologiques actuelles. A lucrativité limitée, elles ne cherchent pas à faire des bénéfices sur les funérailles mais sont devenues des actrices essentielles de l’économie sociale et solidaire. Il en existe plusieurs en France et une sur la région lilloise qui propose cafés mortels, conférences, ateliers, etc. Elles sont là pour accueillir les familles endeuillées dont les demandes sont de plus en plus tournées vers l’écologie : de quel pays vient le bois, ou les fleurs ? En quelle matière est le capiton, etc., preuve qu’un nouveau mouvement est en route. L’accent doit continuer d'être mis sur l'information, sur ce qui est obligatoire ou pas, sur l'importance de demander des devis, de garder en tête que la survie de la planète passe également par la façon dont nous avons de prendre la mort en compte.

Je pourrais en parler des heures, développer sur la charge administrative qui pèse sur ces entreprises, sur les coûts, sur le fait que ce secteur n'est pas un secteur toujours bienveillant et que la concurrence est rude, mais je m’arrêterais là pour cette fois.


Cette expérience m’a fait grandir et m’a tellement appris. Elle a apporté du concret à ce que je suis et enrichi les accompagnements que je propose.

Dans ma vie, j’ai accompagné des défunts dans leurs derniers souffles et je les ai veillés, mais ce n’est pas suffisant pour être accompagnante.

Je n’ai pas d’enfants mais ce n’est pour cette raison que je peux m’intéresser à la mort - combien de fois j’ai pu l’entendre ou le lire dans la regard de l'autre.


👉C’est parce que je suis formée. (et continue de me former)

👉C’est parce que je suis expérimentée.

👉C’est parce que mon coeur, mon corps et mon âme sont profondément persuadés qu’il nous faut en parler, nous rencontrer, poser des questions, déposer nos tristesses et rire ensemble de l’absurdité de nos conditions humaines.

Un dernier mot cependant pour dire toute mon admiration aux personnes qui se dévouent pour les défunts. Merci à la dream team de la Coopérative Funéraire de Lille, au crématorium de Wattrelos et à son personnel extraordinaire, aux agents de la Chambre mortuaire de Lille et de l’Institut Médico-légal, aux agents de police qui posent les scellés, aux porteurs, aux marbriers, aux maîtres de cérémonie, aux personnes qui gèrent l’administratif, aux accompagnants, aux maitres des cérémonie, et j'en oublie.

Le monde du funéraire est un monde méconnu, mis en lumière un seul jour par an mais qui oeuvre au quotidien pour que nous puissions continuer sur notre chemin de vie.

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